
Hubert HAUSSER est décédé le 09.11.2010 à l' âge de 71 ans
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Hubert HAUSSER
Par Jean ANDRE
En 1962, Hubert Hausser était
le premier à répondre à l'appel d'Emile Stahl, lancé, à l'époque, depuis la rue
Jacques Kablé, où les Pierrots étaient cantonnés dans les baraquements
provisoires. L'équipe première des Pierrots jouait alors en Promotion d'Honneur
du Bas-Rhin. Hubert y a joué durant quinze saisons avec le succès que l'on
connaît. Aujourd'hui il fait partie de la direction technique du club alors que
professionnellement il est associé avec M. Stahl à la direction d'une grande
agence immobilière. En discutant avec lui, en lui posant quelques questions,
nous avons tenté de suivre les étapes de cette longue carrière exemplaire.
DE LA D1 A LA PROMOTION
Comment Hubert a-t-il entendu
l'appel de la rue Jacques Kablé, lui qui était alors un des grands espoirs du
Racing:
"En fait je devais passer pro
comme Gérard mon frère, mais cela ne s'est pas fait à cause d'une opération à
un genou. J'étais trois mois à l'hôpital Lyautey, sans qu'un seul dirigeant du
Racing vienne prendre de mes nouvelles. C'était déjà un monde bizarre que le
foot pro. Alors Walter Schwambach, que je connaissais bien, est venu me voir le
dernier jour des mutations et m'a parlé des projets de M.Stahl. Paco le seul au
club que je connaissais, serait l'entraîneur des Pierrots alors en Promotion
d'Honneur!"
Drôle de proposition pour un
joueur qui avait le bagage technique d'un joueur de D1. Hubert est allé voir
Emile Stahl et en dix minutes il a décidé de changer le sens de sa vie,
sportive et professionnelle. Il explique:
"C'est le langage et le
challenge que me proposait M. Stahl qui m'ont séduit: le dimanche gagner sur le
terrain et monter une grande équipe et en semaine avoir des résultats au plan
professionnel, où j'étais payé au rendement!"
DES SOUVENIRS POUR L'ETERNITE
La réussite était au bout, parce que
Hubert est un gagneur de par sa nature. Tout est allé très vite, en Promotion
les Pierrots ont remporté le titre avec dix points d'avance. Hubert, comme seul
"promotionnaire" a
connu ses premières sélections d'Alsace ce qui lui a permis de côtoyer les
meilleurs amateurs alsaciens, dont plusieurs sont venus renforcer les Pierrots
qui, sept ans après, ont remporté leur premier titre de champion de France du
CFA contre Bagneux-Fontainebleau-Nemours (3-2), puis un second contre
Montélimar (1-0).
Des souvenirs pour
l'éternité:
"Surtout le premier, dit-il,
nous sommes menés 0-2 à la mi-temps et avons réussi à renverser la
tendance pour gagner 3-2. Le second a été plus chanceux, on n'a pas pu se
libérer, nous n'avons pas joué sur notre valeur et c'est sur un coup-franc
chanceux, rapidement exécuté, que nous avons gagné."
II faut dire que le CFA était
quelque chose à l'époque. Plus fort que le monde pro à cause de la valeur de
ses dirigeants, qui préparaient l'avenir du football français. Hubert parte
même de révolution du football français:
"Avec Emile Stahl nous avons
connu de grands dirigeants, des hommes de qualité comme MM. Burlaz, Patrelle,
Mille, Leulliot, Rigal, Verbeke, Jacques Georges et Fernand Sastre, et bien
d'autres qui allaient diriger et prendre en main les destinées du football
français."
Le foot a ouvert des horizons
nouveaux à Hubert, qui marqueront toute son existence.
L'ORGANISATION STAHL EN
MARCHE
Hubert qui était à la fois le
stratège de cette équipe des Pierrots et le porte-parole du patron, n'oublie
pas que c'est la coupe de France qui a fait connaître le club dans tout
l'hexagone. Ses souvenirs les plus marquants :
"Tout le monde connaît cette
histoire des quatre dimanches où nous avons rencontré la même équipe, Agde,
avant de nous qualifier. C'était une page inédite dans l'histoire de la coupe.
Ensuite il y a eu les matches contre des pros comme Nice, Metz, Bastia où nous
avons frôlé l'exploit. Un énorme regret restera, ce 8e de finale perdu 1-0 à
Colmar, contre le Red Star Paris, alors que nous avions dix fois la victoire au
bout du pied. Comme équipe de DH on aurait rencontré Bordeaux en quart de
finale."
L'organisation Stahl était
déjà en marche. Les Pierrots étaient deux jours et demi au vert aux Trois Epis,
les "pros" du Red Star, sûrs de leur affaire, avaient débarqué du train une
heure avant le match. Cela veut dire aussi que les bons résultats des Pierrots
n'étaient pas dus au hasard.
IL EST PROFONDEMENT JUSTE
Hubert, on s'en doute, a
beaucoup appris de son patron, Emile Stahl, le vrai initiateur de cette
aventure unique des Pierrots et ensuite de l'ASP
"Absolument pas, explique-t-il. Ce n'est pas du
tout péjoratif, mais dans le sens noble du terme. Il n'y a que deux solutions,
comme on connaît son
caractère, ou tu acceptes ou tu pars. Il apprécie les gagneurs, sur le terrain,
mais aussi dans les affaires et... aux cartes. M. Stahl est autoritaire,
exigeant, il voit clair et il est profondément juste."
Un patron qui a ses entrées partout. Quand
le FC Santos est venu jouer à Strasbourg avec Zito et Pelé, la brasserie du
"Romain" était fermée
au public. Une seule autre table était occupée... par les joueurs et dirigeants
des Pierrots ce qui leur a permis de voir Pelé avec la toque du chef Maschinot
à la cuisine. Quel souvenir!
PACO, AMUSEUR DU LIDO
Un chapitre inépuisable pour
Hubert, comme pour tous les Pierrots, c'est Paco Matéo, l'homme enfant, le
clown spontané et naturel, un libéro avant l'heure de la lignée de Franz
Beckenbauer, stoppé trop tôt par une blessure à un genou. Hubert égrène ses
souvenirs:
"Notre amour du ballon il est
né dans la rue au Schlutfeld, près de la Meinau, il y avait là les frères
Stieber et Hausser, Merschel et d'autres, et un animateur génial qui habitait à
côté... Paco Matéo. Un grand copain qui savait déjà créer l'ambiance et qui ne
se comportait jamais comme la star qu'il était alors. Après j'ai fait un long
chemin avec lui. Après la fameuse qualification devant Agde, M. Stahl nous a
invités pour une première au Lido. Dix minutes plus tard, Paco était sur scène
entouré des "blue bell giris " et faisait rire toute la salle. Son rôle de
clown et d'amuseur était inné. Quand en DH on avait dix points d'avance, Paco
avait près de 50 ans, on l'a "obligé" à jouer un match, quelques titulaires
étant (volontairement absents), il a marqué deux buts et en a fait marquer deux
à moi et à Roland. Vous imaginez alors quelle a été notre peine quand il est
mort dans un stupide accident de la route."
YVES MULLER ET JACQUES
GEORGES
Un des plaisirs, c'est un
privilège d'une certaine manière, de Hubert c'est que le foot lui a permis de
connaître beaucoup d'hommes de qualité qu'il n'aurait sans doute pas connu
ailleurs. Il voudrait citer tout le monde, Roby Meyer, Beppo Brehm, Charlot
Feuerbach, les chers disparus.
«Parmi les dirigeants je
pense souvent à Yves Muller, quand il était patron des équipes d'Alsace, c'est
quelqu'un d'exceptionnel et de charmant, sur lequel on peut compter. Jacques
Georges, l'ancien patron de l'UEFA, toujours prêt à faire plaisir, c'est aussi
un principe de M. Stahl.»
Pour réussir comme Hubert
Hausser, dans le sport comme dans la vie professionnelle, cela suppose quoi en
définitive:
« Cela suppose pas mal de
sacrifices, c'est vrai. Mes filles m'ont souvent reproché d'être un père
fantôme. Entre le football et la profession, j'étais tellement occupé que je ne
les ai pas vu grandir. Je me rattrape maintenant avec mes petits-enfants. Dans
ce métier, et ce sera le mot de la fin, il n'y a pas de demi-mesure, il faut
s'accrocher et avoir des résultats.
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